II - ROQUE - BASSE
Sur le bas côté gauche, Roque Basse la petite sœur ,paraissait se cacher timidement. On y accédait par une longue allée caillouteuse, bordée de magnifiques pins. On entrait dans la campagne en suivant un alignement de baraquements bas, réservés aux travailleurs qui y prenaient leur repas de midi.
Sur le côté droit un immense bâtiment, avec un portail d'entrée ouvragé. En face l'habitation du " ramonet" logé à l année. Au centre de la grande cour la résidence du patron ( dont j 'ai oublié le nom )
L' ensemble peint en ocre donnait à la campagne une apparence de douceur, de charme.
Durant les périodes de travail intense, il régnait une animation besogneuse, dans toutes les vignes environnantes. Les pas des chevaux et le bruit des roues de charrettes résonnaient. Les journaliers allaient et venaient et s' interpellaient. La période la plus animée était celle des vendanges. De partout surgissaient des femmes, des enfants qui s'éparpillaient dans les rangées de vignes.
Ça sentait bon le marc. Sur les bas côtés de l'allée à l'ombre des pins on s'asseyait à même le sol pour manger son casse croûte sorti du panier ou de la musette
L' ambiance était à la joie, on oubliait la fatigue, la chaleur.
Émergeant de mes lointains souvenirs je décide de descendre voir.
Au fur et à mesure que j avance sous l'allée de pins mon cœur se serre, bon nombre d'arbres sont tombés et gisent,secs dans les ruisseaux envahis d' herbe.
Alentour plus aucune vigne, seulement la terre ocre à l'infini.
J arrive au niveau des baraquements, je pousse des portes ouvertes, à l’intérieur des amas de planches en désordre, poussiéreuses.
Partout le silence, l abandon. Une chaîne barre l ' entrée de la cour. Je passe dessous.
Je me retrouve au milieu, de la cour tournant sur moi même, n' en croyant pas mes yeux.
La campagne est abandonnée, visiblement depuis longtemps. Elle ressemble à un village fantôme comme on en voit dans les westerns.
La pendule arrêtée, les volets fermés, délavés, pas de chien qui aboie pour donner à penser que quelqu'un vit ici.
La tristesse m'étreint, l'angoisse la peur aussi.
Je remonte dans ma voiture me disant qu'il est bien dommage de laisser inutile un bien pareil.
Merci J.D